Exploitation de la lumière naturelle dans les programmes de photopériode pour contrôler la reproduction chez les ovins


  • Période: 2008-01-01 2010-01-01

Mot(s) Clé(s)

AAC type CC4 Économie Extension lumineuse Lumière naturelle Performance Photopériode Productivité Rentabilité Reproduction

 

Présentation du projet

Objectifs

Objectif général

Amender le programme photopériodique AAC Type CC4 pour permettre la diffusion de la technique dans un plus grand nombre d'entreprises, en permettant son utilisation dans des bergeries où il est impossible de restreindre complètement l'entrée de lumière naturelle, types de bâtiments fréquemment retrouvés en élevage ovin.

Objectifs spécifiques

1) Mesurer les effets sur la reproduction et la productivité des brebis de l'extension de la durée des jours longs à 22 h/j et de l'utilisation de la lumière naturelle en guise de jours courts dans un programme photopériodique constitué d'un cycle alternatif continu de 4 mois de jours longs et de 4 mois de jours courts, dans un système de production accéléré;

2) Comparer le traitement d'extension lumineuse au programme conventionnel de 16 h/j de lumière en jours longs et de 8 h/j de lumière en jours courts;

3) Évaluer la cyclicité des brebis sous les traitements lumineux en comparaison à celles gardées en lumière naturelle;

4) Mesurer la réponse hormonale des brebis aux différents protocoles lumineux;

5) Réaliser une comparaison économique succincte de l'implantation des différents programmes de photopériode.

Résumé

Les résultats zootechniques exceptionnels obtenus grâce à l’utilisation du programme photopériodique AAC Type CC4 ainsi que ses répercussions sur la productivité des élevages ont bien été démontrées dans les recherches antérieures. Un des obstacles à l’application de ce programme est qu’il nécessite de garder les brebis dans un bâtiment « hermétique » à la lumière du jour, notamment l’été pour les périodes d’exposition aux jours courts. Dans le but de trouver une solution à cet inconvénient et, ainsi, permettre l’accessibilité de la technique à la plupart des installations d’élevage, nous avons imaginé un programme de photopériode où la lumière du jour pourrait être mise à profit. En effet, la lumière naturelle journalière pourrait être utilisée comme jours courts (JC) et la durée d’éclairement des jours longs (JL) fixée pour respecter l’écart minimal de 6 à 8 h recommandé entre la durée des JC et des JL. 

L’objectif de ce projet était de mesurer les effets, sur la reproduction et la productivité des brebis, de l’extension de la durée des JL à 22 h/j et de l’utilisation de la lumière naturelle en guise de JC dans un programme photopériodique constitué d'un cycle alternatif continu de 4 mois de JL et de 4 mois de JC (traitement 22/LN), et ce, en comparaison au programme « conventionnel » de 16 h/j de lumière en JL et de 8 h/j en JC (traitement 16/8) et à un groupe de brebis maintenues en lumière naturelle (témoin LN).

Pour ce faire, 97 brebis Dorset ont été réparties en trois groupes égaux et assignées à un des traitements suivants :

-  Traitement témoin LN : les brebis sont exposées à la lumière naturelle (LN) durant toute la durée du projet;

-  Traitement AAC type CC4 - 16/8 : traitement alternant, en continu, des périodes de 4 mois de JL (16 h/j de lumière) et de 4 mois de JC (8 h/j de lumière);

-  Traitement AAC type CC4 - 22/LN : traitement qui expose les femelles à une alternance continue de séquences de 4 mois d’extension lumineuse à 22 h/j de lumière en JL et de 4 mois de lumière naturelle en guise de JC.

Les trois groupes de femelles ont été suivis sur trois périodes d’accouplements consécutives (système intensif de 3 agnelages en 2 ans) qui se sont déroulées du 12 juin au 17 juillet 2008 (cycle #1; contre-saison), du 6 février au 13 mars 2009 (cycle #2; fin de saison) et du 5 octobre au 9 novembre 2009 (cycle #3; saison sexuelle). Plusieurs paramètres ont été évalués chez les brebis : taux de fertilité et de prolificité, concentration sanguine en mélatonine (réponse aux changements lumineux) et en progestérone (début de la cyclicité), production laitière, poids et état de chair.

La cyclicité et la réponse hormonale ont été comparables entre les traitements photopériodiques 16/8 et 22/LN pour les trois cycles de production. En moyenne, pour les brebis sous photopériode 16/8 et 22/LN, 69 % des premières ovulations sont survenues avant l’introduction des mâles, pour un intervalle moyen entre le début des jours courts et la 1re ovulation de 42 j. Pour ce qui est des saillies fécondantes, 66 % ont eu lieu dans les 17 j suivant l’introduction des béliers, pour un intervalle moyen entre la mise au bélier et la saillie fécondante de 13.1 j. Toutefois, l’incidence des cycles œstraux irréguliers chez les brebis sous photopériode 22/LN tendait à être supérieure à celle des brebis du traitement 16/8 (17.8 vs 2.2 %; P = 0.0982). La fertilité à l’agnelage a été similaire pour les traitements 16/8 et 22/LN, et ce, pour les trois cycles de production (86.5 et 85.7 %; P = 0.8750). L’effet des traitements photopériodiques sur la prolificité a varié selon la période d’accouplement, mais, globalement, les brebis 22/LN ont eu des tailles de portée inférieures ou équivalentes à celles des femelles du groupe 16/8. Les deux traitements 16/8 et 22/LN ont permis de produire respectivement 2.66 et 2.32 agneaux/brebis/année. Bien que non significative statistiquement, cette différence de 0.34 agneau/brebis/année en défaveur du traitement 22/LN pourrait représenter une perte non négligeable pour les producteurs.

La comparaison des traitements photopériodiques avec le groupe témoin en lumière naturelle montre que la cyclicité des brebis 16/8 et 22/LN n’a pas été différente de celle du groupe témoin LN. Les brebis LN avaient leur première ovulation en moyenne 39.9 j après le début des JC (la date du début des JC des deux traitements photopériodiques a été utilisée comme point de repère pour les brebis témoins LN même si ce groupe n’était pas soumis à un traitement de photopériode). De plus, 69 % des brebis témoins en lumière naturelle avaient ovulé au moment de l’introduction des béliers (autour de 55 j après le début des JC), ce qui représente la même proportion que pour les brebis sous photopériode. De plus, les brebis LN ont été saillies avec un taux de fertilité global de 83 %, comparable à ceux de 86.5 et 85.7 % obtenus avec les programmes de photopériode 16/8 et 22/LN, et ce, sans l’utilisation de technique de désaisonnement. Lors des accouplements naturels (brebis LN) en contre-saison sexuelle, une répartition des saillies fécondantes typique d’un effet bélier a été observée, la majorité des saillies, soit 83 %, étant survenues dans la seconde moitié de la période d’accouplements. Toutes ces observations démontrent qu’une bonne proportion (environ 40 %) des brebis Dorset du troupeau du CEPOQ cyclent toujours durant la pleine contre-saison (juillet) et que des accouplements naturels à cette période de l’année peuvent tout de même donner une fertilité intéressante grâce à l’effet bélier. D’autre part, les deux traitements photopériodiques n’ont pas eu d’effet néfaste, en comparaison avec le groupe témoin LN sur la production laitière, la croissance des agneaux ou encore l’évolution des réserves corporelles des brebis.

Globalement, les résultats de cette étude ont permis de démontrer que, bien que comparable à plusieurs égards, le traitement photopériodique 16/8 était sensiblement plus efficace que le programme d’extension lumineuse pour réguler le cycle des brebis. Le traitement 16/8 a également eu un léger avantage en termes de prolificité. En comparaison avec le groupe témoin LN, les programmes photopériodiques 16/8 et 22/LN ont permis d’induire les saillies fécondantes plus tôt en contre-saison sexuelle. Aussi, contrairement au groupe LN, les deux traitements de photopériode ont maintenu une prolificité constante au cours des trois cycles de production. En conclusion, nos résultats suggèrent que le programme 22/LN pourrait remplacer le conventionnel 16/8, dans les cas où l’application technique de ce dernier n’est pas envisageable. Cependant, étant donné les excellents taux de fertilité en contre-saison des brebis Dorset dans la présente étude, les résultats du programme 22/LN devraient être validés avec des races plus saisonnières avant d’en faire la promotion à l’ensemble des producteurs.

Participants

Publication(s)

Retour

Vers le haut